C’est le grand retour de la fête des Goémoniers ! Après une petite pause « covid », la fête des Goémoniers se déroulera, demain 14 juillet, sur les dunes de Beg Ar Groas à Plounéour Trez. Crée en 1976 par Fanch Buors et Alain Troadec, elle est l’occasion, tous les deux ans, de faire revivre la tradition ancestrale de coupe de goémons. Cette activité, qui a perduré jusqu’aux années 50, permettaient aux paysans de subvenir aux besoins de leurs familles.
La récolte du varech est ainsi décrite en 1864 sur les côtes du nord du Finistère :
« La coupe du varech a lieu à des époques fixes. Au jour convenu, on voit des populations entières accourir sur la grève, on trouve au rendez-vous les femmes, les enfants, les vieillards ; personne ne reste au logis ce jour-là ! Chacun s’occupe de recueillir la plus grande quantité de varech possible pour en former un monceau sur le rivage. (…) Le varech ne se recueille pas toujours sur le rivage ; il arrive souvent que les rochers auxquels il s’attache sont éloignés de la côte. Dans ce cas, les paysans ne peuvent disposer d’un nombre suffisant de bateaux pour transporter leur récolte sur la terre ferme ; ils lient les monceaux de varech avec des branches d’arbre et des cordes, et en forment d’immenses radeaux sur lesquels ils se placent avec leur famille ; une barrique est généralement attachée à l’extrémité de cette masse mouvante ; un homme s’y tient et, de cet endroit, dirige le mieux possible cet étrange navire1. »
Ainsi, demain, c’est une procession de plus de 120 personnes qui quittera la ferme Buors, en habits traditionnels (Kalaboussen – couvre-chef en feutre – bragez aod – pantalon pour la grève – et sabots à clous) à 9 h pour descendre vers la gréve.
Quatre équipes de 30 paysans goémoniers embarqueront alors à l’heure du reflux dans des barques pour rejoindre assez bas sur les roches un gisement de goémon noir. Il faudra ensuite repérer l’endroit le plus plat possible où sera constituée la drôme, gros cube de goémon frais cueilli. Munis de leurs faucilles, les membres de l’équipage partiront, soit, nettoyer l’endroit où sera édifiée la drôme, soit récolter le varech en constituant des petits tas. Les plus gaillards les transporteront à l’aide de brancards en bois (gravaz-hir en breton). Il faut faire vite, la marée n’attend pas. Quelques-uns, entasseront le goémon pour constituer un amas solide et tassé en 2 heures de temps sur huit cordages entrelacés. L’ouvrage ne sera terminé que lorsque ces cordages seront resserrés, à l’aide de « droll », clé en bois, façonnant ce paquet d’algues de 12 à 16 tonnes, à convoyer. Ce dernier remontera ensuite au gré des courants vers la plage, à marée montante. L’équipage reviendra ensuite en barque, en surveillant les deux personnes qui restent sur la drôme, munis d’une longue perche de 5 à 6 mètres lestée, pour accompagner la remontée du ballot d’algues dans le bon courant. Il s’agit d’éviter que la drôme ne parte à la dérive vers Plouescat ! Comme un iceberg, seuls 30 cm sont visibles en dehors de l’eau, mais la drôme mesure près de 2 m de hauteur (et les tas mesurent 4 m sur 3 m à la base). À marée haute, ce chargement atteint la côte, et commence à toucher le fond. Mené au plus près des dunes, le paquetage sera solidement amarré avec des cordes pour que la mer ne le reprenne pas.
Cette journée permet, non seulement, de transmettre ce savoir faire, mais c’est aussi un moment de grande convivialité sur les dunes avec un repas (rougail saucisses) sous chapiteau, la présence d’artisans et des animations tout au long de la journée, notamment le brûlage du goémon à l’ancienne. Les équipages seront de retour entre 16 h et 19 h.
Cette belle journée se poursuivra au bourg en soirée avec bal, buvette, petite restauration et feu d’artifice, organisés par le comité d’animation BEVA ER VRO !!
(merci à Carole David, pour son article Drôle de drôme, paru dans le Paysan Breton du 08 juillet )
Last modified: 13 juillet 2022